Avec la manière, enfin ?

C’est une rengaine propre au football français, un paradigme désormais bien ancré dans la tête des footballeurs et bien souvent des supporters : seul le résultat compte, peu importe la manière. Comme si le fait de vouloir proposer du jeu et celui d’avoir des résultats étaient antinomiques. Le début de saison du Racing rentre bien dans ce cas de figure. Malgré un rôle incontestable et assumé d’ultra favori du championnat, et doté du meilleur effectif selon tous les observateurs, le RCS se contente pour le moment de gagner par la plus petite des marges, souvent plus grâce à la supériorité individuelle de ses joueurs que par sa maîtrise du cours d’un match. Pointée du doigt au tout début de l’exercice, particulièrement lors de son naufrage à Dunkerque, la défense est désormais la priorité du Jacky Duguépéroux, qui n’a de cesse de répéter que « généralement, c’est la meilleure défense qui monte », et ce à longueur d’interview. Pour un coach réputé offensif lors de ses deux derniers passages à la tête de l’équipe première, le changement est assez radical, et rejailli sur ses joueurs, à l’image d’Eric Marester : « ne pas prendre de but est devenu notre mot d’ordre. Le coach en fait l’essentiel de sa causerie avant chaque match. » Toutefois, cette stratégie demeure très dépendante de la forme individuelle des joueurs clés, qui sont malgré tout bien au-dessus du niveau du National. En cas de méforme, de défaillance, ou pire, de blessure des cadres, seul un collectif rodé serait capable de transcender le restant de l’équipe. Or, force est de constater que, pour le moment, ce collectif n’est pas (encore) au point, un constat parfois partagé par le staff et les joueurs au détour d’une interview. En clair, pour le moment, ça passe, mais qu’en sera-t-il lors d’une période plus difficile, ou lorsque l’adversaire parviendra à maîtriser les attaquants strasbourgeois et à couper les transmissions ? Le calendrier annonce quelques sérieux clients, comme Luçon, Belfort et sa citadelle imprenable (deux buts encaissés pour le moment), ou même cette équipe de Marseille Consolat, réputée accrocheuse.

On a beau céder aux clichés habituels entourant cette équipe de Marseille Consolat, originaire des quartiers nord de la cité phocéenne, ceux qui en font une équipe de voyous et de bourrins, la réalité est tout autre. S’il est vrai que le dernier passage du petit poucet du National à la Meinau n’a pas laissé un grand souvenir aux amateurs de fair play, de convivialité et de tolérance, depuis la reprise en main par l’entraîneur Nicolas Usaï, son visage a bien changé. Désormais, Consolat produit un jeu plus tourné vers l’avant, grâce à ses techniciens au milieu de terrain et en attaque, derrière l’expérimenté David Gigliotti, bien que ce dernier ait toujours son petit caractère (quatre cartons rouges et seize jaunes la saison dernière, seulement trois cette saison).

Mais si l’attaque tourne plutôt bien, malgré le départ de la pépite Faïz Selemani, parti à Niort au tout début du mois de septembre alors qu’il restait sur un bilan de quatre buts en autant de rencontres, le secteur défensif est clairement le point faible de l’équipe. Devant le gardien Alexis Sauvage, qui peine pour le moment à faire oublier l’ancien titulaire Michaël Fabre, Usaï alterne encore entre un quatuor classique Laassami, Wilwert, Nicodème, Amiri (de droite à gauche), et une défense à cinq au sein de laquelle apparaît parfois l’ancien strasbourgeois Nordine Assami. Pour composer le reste de son équipe, le technicien peut compter sur un effectif relativement complet, articulé autour de quelques cadres, comme la plaque tournante Elliès Taguelmint (absent ce soir) et son redoutable pied gauche, ou le duo François Borgniet-Youssouf M'Changama pour animer le jeu. Après avoir tutoyé le podium, Consolat reste toutefois sur une série négative de quatre matchs sans victoire, mais quand on sait que les Phocéens ont remporté trois de leurs quatre succès à l’extérieur, la prudence est de mise.

Pour affronter Marseille Consolat, Jacky Duguépéroux dispose à nouveau de l’intégralité de son groupe, enregistrant même le retour de Belahmeur, dont le nez s’est remis de sa rencontre avec le coude de Massiré Kanté. Les places sont donc disputées pour figurer dans les 16, et Jean-Philippe Sabo et Yannick Aguemon en font à nouveau les frais, même si dernier étant présent sur le banc dans l'Indre, profitant de l'absence de dernière minute de Bahoken.

Le onze de départ ne devrait pas laisser apparaitre beaucoup de surprises, même si la présence de Dimitri Liénard reste à confirmer. L’ancien Mulhousien, en petite forme ces derniers temps, serait en balance avec Abdelhak Belahmeur, sauf changement radical de système de jeu. Dans ce cas, un milieu à trois récupérateurs, ou la titularisation de Stéphane Bahoken dans un 4-4-2, ne seraient pas à exclure.