Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

RCS - Lens : L'impression du vide

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Par knack90
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© rachmaninov

Battu le RC Lens ce vendredi soir, le Racing inquiète une partie des fans. La raison ? Une impression tenace de vide dans le contenu des matchs, inversement proportionnelle au contenu du slip de Pascal Nouma. Réalité ou impression trompeuse ? En tout cas, pour Pascal, tout le monde connaît la réponse.

Le Racing (6ème de L1 au coup d'envoi) recevait ce vendredi 29 septembre, le RC Lens (16ème). Les deux équipes restent sur une victoire (respectivement à Metz et face à Toulouse) mais sont dans des états d'esprit différents. D'un côté, des Alsaciens bien pourvus en points mais toujours en recherche d'un embryon de certitudes dans le jeu, de l'autre, des Artésiens, encore un peu en gueule de bois de leur fantastique saison dernière mais de retour sur le chemin des certitudes depuis quelques rencontres.

Pas d'absences notables des deux côtés : Fila pour les Bleus, Farinez, Da Costa, Cabot et Haïdara côté Sang et Or.

Dans ces conditions, Franck Haise décide de s'appuyer sur son système préférentiel en 3-4-2-1 et aligne son équipe type, cela malgré la venue d'Arsenal à Bollaert dans quelques jours :
Equipe


Patrick Vieira décide quant à lui de reconduire l'équipe victorieuse dans l'antre du Graoully, mais décide de procéder à des ajustements de positionnement, visant sûrement à compenser les failles identifiées lors des deux matchs précédents et qui pourraient poser de gros soucis compte-tenu du profil des Lensois :

- le manque de mobilité de la charnière. On connaît les limites de la paire Nyamsi/Perrin sur ce point, d'autant plus face à un joueur explosif comme Wahi. Vieira décide donc de positionner Ismaël Doukouré en "demi-centre", poste hybride entre défenseur central et libéro du milieu de terrain.

- la qualité relative des relances de la charnière centrale. Un élément qui devait s'avérer décisif face à une équipe dont la qualité de pressing est la marque de fabrique. Même remède choisi par Vieira avec l'intégration, selon les besoins, de Doukouré à notre ligne défensive afin de faciliter les premières relances.

- le déséquilibre du bloc-défensif sur son couloir gauche. Soucieux de mettre en valeur les qualités de centre et le volume de courses de Delaine, Vieira assume, depuis le début de la saison, un placement très haut de son latéral gauche, quitte à ouvrir des espaces béants dans son dos. Fin de la récréation. Delaine est aligné dans un rôle beaucoup plus classique d'arrière latéral, moins porté vers l'avant et dont la mission est principalement de combiner avec le milieu offensif placé devant lui : Dilane Bakwa.

- la fin de l'asymétrie droite/gauche. En plus de reculer le positionnement moyen de Thomas Delaine, le rôle du milieu offensif du couloir gauche est également légèrement modifié. Un positionnement de départ mois porté vers l'intérieur du jeu, mais une occupation plus classique du couloir avec un positionnement moyen plus proche de la ligne de touche.

On peut donc schématiser le système défensif strasbourgeois comme cela :
Equipe


Et le système offensif de départ, comme ceci :
Equipe


Si certains choix de joueurs peuvent se discuter, cette composition et ces ajustements tactiques semblent cohérents et potentiellement pertinents.

Dès le coup d'envoi, ces fameux ajustements tactiques de Vieira semblent porter leurs fruits. Le bloc strasbourgeois évolue haut et ne presse qu'à partir de la zone intermédiaire, les lignes défensives ainsi très resserrées et articulées autour du placement central d'Ismaël Doukouré, gênent non seulement beaucoup la construction lensoise mais permettent également des projections rapides vers l'avant, en nombre et aboutissant à plusieurs frappes (Bakwa 8ème et 9ème, Diarra 12ème).

Ce premier quart d'heure réussi, qui demeurera la meilleure période alsacienne du match, sera ponctuée à la 16ème minute...d'un but lensois. En effet, et comme souvent, quand un système collectif défensif semble efficient, c'est une erreur individuelle qui peut précipiter sa chute. Très mauvaise relance de Nyamsi qui, de plus, tarde à remonter jusqu'à l'alignement, permettant à Wahi de rester en jeu sur le deuxième ballon, de combiner avec Sotoca et, à l'issue d'une action de classe (dribble derrière la jambe d'appui pour éliminer Nyamsi et frappe placée du gauche), de battre Matz Sels. Tiens, tiens, une erreur de relance combinée à un manque de mobilité des deux centraux, what's else ?

1-0 Lens. Le plan de jeu de Vieira vient de s'écrouler. Il reste 75 minutes à jouer.

Commence alors une longue période, à cheval entre les deux mi-temps, de la 16ème jusqu'à l'heure de jeu, où le Racing se retrouve tiraillé entre l'envie de reprendre le jeu à son compte et la peur légitime (et justifiée) de s'exposer à des contre-attaques. On presse de manière désordonnée et donc non-efficiente, faute de relanceur correct en défense centrale (Perrin et Nyamsi: 26 pertes de balles cumulées et 3 passes en profondeur réussies pour 15 tentées. Pour comparaison : Médina et Gradit : 12 balles perdues en cumulé pour 14 passes en profondeur réussies sur 18), Doukouré doit régulièrement servir de premier relanceur et l'équipe manque alors de relais au milieu, cela d'autant plus que la prestation de Jessy Deminguet dans l'entrejeu est extrêmement discrète (21 ballons joués contre 42 pour Habib Diarra, 43 pour Diouf et 60 pour Mendy). Victime collatérale de la noyade de l'ami Deminguet, Dilane Bakwa, privé de sa rampe de lancement, peine à exister dans le couloir gauche (21 ballons touchés et 5 passes effectuées en 90 minutes). A droite, le duo Senaya/Angelo est à l'origine des seules escarmouches strasbourgeoises de la période, mais d'une part, leurs actions partent de trop loin (la position moyenne d'Angelo est quasiment sur la ligne médiane et sa heat-map indique que sa zone d'action principale se situe aux environs des 40 mètres strasbourgeois) et d'autre part, les Lensois n'hésitent pas à utiliser des prises à deux (Machado et Médina) sur l'ailier brésilien et, en cas de décalage créé par ce dernier, à faire faute loin de leur but (5 tacles subis, le plus haut chiffre du match, ex aequo avec Senaya) pour pouvoir se replacer devant le ballon.

En résumé, le Racing presse mal, récupère le ballon trop bas, utilise trop de joueurs pour la première relance, manque de relais dans les phases de transition défense/attaque, ses ailiers sont, soit isolés, soit redescendent trop bas sur le terrain pour essayer d'exister, et en bout de ligne, Emmanuel Emegha qui passe une soirée horrible, est trop isolé au milieu des trois centraux lensois (11 ballons touchés en 70 minutes dont une majorité proche du rond central).

De leur côté, les Sang et Or, confortés par l'ouverture du score, déroulent leurs fondamentaux: des sorties de balle huilées pour casser les rares tentatives de pressing strasbourgeois (notamment en incorporant Samba aux circuit de passes des premières relances), des mouvements coordonnées pour conserver le ballon en zone intermédiaire, un équilibre parfait à la perte de balle et quelques fautes "tactiques" bien senties pour tuer dans l'œuf les éventuelles tentatives de décalage initiées par le duo Senaya/Angelo.
On appréciera notamment le travail constant des deux offensifs "de soutien" (Sotoca et Fulgini) dont la mobilité latérale dans l'interligne strasbourgeoise "défense/milieu" aura permis de limiter les courses vers l'avant des latéraux alsaciens en phase défensive et de créer des surnombres dans les couloirs pour les phases de conservation du ballon en attaque placées.
Ainsi les heat-map de Sotoca et de Fulgini indiquent que leurs zones d'activité principales se situent, pour tous les deux, le long des lignes de touche et non à l'intérieur du jeu, derrière Wahi, comme pourrait le laisser croire leurs positionnements tactiques de départ.
Cela est d'autant plus remarquables que cette activité se fait de manière coordonnées avec leurs pendants défensifs respectifs, les défenseurs centraux axe/gauche (Médina) et axe/droit (Gradit). Ainsi, les Lensois sont constamment en surnombre dans la zone de jeu du ballon, cela sans avoir à réaliser des courses à haute intensité, mais simplement grâce à la coordination du mouvement de leurs lignes.

Au final, ce n'est pas tant le niveau faible de la performance du Racing durant cette période du match qui doit être retenue, mais plutôt la mesure de l'écart avec la maîtrise des fondamentaux collectifs de l'équipe Lensoise, maître-étalon en la matière dans le championnat de L1.
En vérité, compte-tenu de l'âge moyen du 11 alsacien (24,0 ans contre 27,5 pour le RCL), du manque d'expérience individuelle et collective des Bleus, du manque d'automatisme tactique et du niveau d'opposition en face, l'incapacité du Racing à renverser le momentum dans ce match là, avec ce scénario là, est sommes toutes, logique et quasiment normal.
Finalement, la surprise n'est-elle pas plutôt que le Racing n'a pas sombré dans l'adversité ? En effet, si les Bleus n'ont pas su être dangereux, ils n'ont pas non plus été inquiétés durant cette phase du match et ont continué à présenter un bloc-défensif solide (1 tir concédé entre le but et la 74ème minutes).

Passons enfin à la dernière partie du match, celle où Patrick Vieira, fort de ses réussites (au moins comptables) lors des matchs de Montpellier et Metz, décide de balancer le plan de jeu initial à la poubelle, et ressort son 4-2-2-2 "de la dernière chance" avec les entrées successives de Kevin Gameiro et Moïse Sahi Dion à la 61ème, de Lebo Mothiba à la 70ème et plus tardivement d'Ibrahima Sissoko à la 81ème. L'équipe qui aura l'honneur de finir le match sera donc la suivante :
Equipe


Certains objecteront que durant une période de 10/15 minutes (entre la 61ème et la 75ème), le système aura ressemblé tantôt à un 4-3-3 (avec Sahi dans le milieu à 3), tantôt à un 4-2-3-1, que Gameiro et Sahi ont parfois permutés... La vérité, c'est que tout cela ne ressemblait pas à grand-chose de cohérent.
Globalement, les défenseurs centraux allongent de plus en plus vers nos attaquants (avec la réussite décrite quelques paragraphes auparavant), les ailiers sont de plus en plus excentrés et, de fait, loin du but adverse, les milieux axiaux tentent de colmater les brèches de plus en plus béantes dans l'arrière garde alsacienne.

Tout cela, évidemment, arrange bien Franck Haise, qui de son côté procède à des changements "poste pour poste" et voit son équipe, bien en place, se frotter à une équipe de moins en moins solide et pas beaucoup plus dangereuse pour autant.

Malheureusement pour le Racing et pour le coach Vieira, la réussite insolente de notre équipe ne sera pas de retour à la Meinau en ce vendredi soir. Pour une vraie opportunités au crédit de Lucas Perrin, une pelletée de contre-attaques Artésiennes (6 des 9 tirs lensois à partir de la 74ème dont 4 entre la 86ème et la fin du match) aurait pu définitivement tuer le suspense de cette rencontre. Toutefois, la maladresse de Guilavogui et d'Adrien Thomasson permettra de sauvegarder les apparences et de ne pas transformer cette défaite en déroute.

Alors, au final, que retenir de cette partie ?
Une grande partie du stub considère que ce match est vide de contenu au prétexte d'une indigence offensive réelle et constatée par tous.

Je ne suis absolument pas d'accord.
Oui, le jeu offensif du Racing a été particulièrement pauvre vendredi soir, mais la rencontre, notamment d'un point de vue tactique, a été riche en enseignements et valide une progression collective de l'équipe.
Mise à part la dernière demi-heure, où Patrick Vieira a décidé de jouer son va-tout et de volontairement déséquilibrer son équipe, les 60 premières minutes du matchs sont, à mon avis, les meilleurs en termes d'équilibre, de cohérence et de jeu collectif défensif.

En effet, près avoir avoir assisté à cette rencontre, l'avoir disséquée en replay, et avoir croisé mes observations avec quelques statistiques avancées, je suis globalement d'accord avec Patrick Vieira sur l'immense majorité de son analyse en conférence de presse :

- l'équipe était bien en place défensivement. Objectivement, et mise à part les 25/30 dernières minutes, c'est sans doute, et de loin, notre meilleure prestation collective défensive de la saison. D'autant plus, si l'on tient compte de l'adversité. Les ajustements sur le système (notamment le poste hybride de Doukouré) ont permis de résoudre une majorité de nos problématiques défensives.

- une fois menant au score, Lens était dans une position très favorable et disposait d'une qualité technique et d'une expérience collective telle, qu'il était difficile (voir dangereux) pour le Racing de se livrer plus tôt dans le match. Les 20 dernières minutes nous l'ont d'ailleurs prouvé.

- l'axe de progression de l'équipe est bien identifié : l'animation offensive.
Maintenant qu'une animation défensive pertinente semble avoir mise en place, il faudra être capable d'en faire plus offensivement.

- l'émotion est mauvaise conseillère. Une victoire ou une défaite ne doit pas tout remettre ne cause et faire oublier l'objectif actuel du club : construire, pas à pas, une nouvelle équipe.

Alors maintenant, on fait quoi ?
Une partie du stub demande (encore) du changement: passage à deux pointes, sortie du congélateur de Simon Phoenix Sanjin Prcic, Angelo en 10, Angelo en 9, Angelo en 9 et demi, Pascal Dupraz Janin Le Grand Frère sur le banc, titularisation de ma grand-mère à la place de Jessy Deminguet...

Et bien, pour moi, il est urgent de patienter. Patrick Vieira, depuis 3 matchs, a fait la bascule vers un 4-3-3 qui correspond mieux à l'idée du football qu'il souhaite appliqué à son équipe. Progressivement, il a tiré un trait sur le 5-3-2 qui collait aux différents effectifs du Racing depuis de nombreuses années.
Il ajuste son plan de jeu à chaque rencontre, toutefois, pour la première fois depuis son arrivée, des progrès, principalement défensifs, sont notables.

Face à Nantes, j'espère que les grands principes du plan de jeu de vendredi dernier seront reconduits à l'identique (au désespoir de certains d'entre vous, j'en ai conscience). Face à un adversaire de moins bonne qualité et dans un scénario qui sûrement différend, je crois l'équipe capable de faire un bon résultat.
Évidemment, au-delà des ajustements tactiques, on peut s'interroger sur la possibilité de bonifier ce nouveau cadre collectif par des changements de joueurs, notamment sur le thème spécifiquement défaillant de ce dernier match : la relance.
Alors qui sait, Vendredi soir sera peut-être soir de relance pour Abakar Sylla et Junior Mwanga?

knack90

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  • takl paries jamais sur ça. C'est plus incertains que l'euromillion.
  • takl et un mélange d'imprévu, de schneck parfois et de manque de bol souvent
  • takl Le Racing c'est que du kif :D
  • takl je parie jamais sur le Racing. Y'a aucune logique dans le Racing.
  • pliughe @y'a les tirs au buts
  • takl je parie rarement. Hier soir j'ai mis 3 euros sur le Real parce que c'est logique que le Real gagne
  • pliughe @takl ne parié pas juste kif
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  • takl 0-0 je mise pas :)
  • pliughe Ou 4-4 très belle finale à venir
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  • takl J'ai pas de préférence mais je vais miser sur Lverkusen
  • arthas Deux superbes équipes
  • arthas Leverkusen vs Bergame, très belle affiche pour la finale !
  • arthas Oui, sur le fil mais ils préservent même leur invincibilité :p
  • chrismaths67 Incroyable, tjs pas de défaite pour Leverkusen !!
  • takl mais bon ça donne un style

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